L’âme de l’Europe
Le secrétaire général du Mouvement paneuropéen d'Autriche et membre du Conseil de Présidence de l'Union paneuropéenne internationale Rainhard Kloucek a publié une critique du livre de Stephan Baier "L'âme de l'Europe - Sur le sens et la mission de l'Occident".
La critique a été publiée le 13 février 2019 dans la Lettre européenne de la Société européenne Coudenhove-Kalergi.
Critique du livre de Stephan Baier par Rainhard Kloucek
Le titre se suffit à lui seul: L’Europe a une âme. Point n’est besoin de lui donner une âme, comme l’avait suggéré un ancien président de la Commission européenne, mais il faut bien plutôt redécouvrir cette âme de l’Europe. Le titre dit encore autre chose : ce ne sont pas les Etats nationaux qui ont une âme, mais bien l’Europe. Stefan Baier, correspondant pour l’Autriche et l’Europe du quotidien « Die Tagespost », assistant et porte-parole d’Otto von Habsburg durant de longues années et chargé des affaires scientifiques à la société européenne Coudenhove-Kalergi, n'hésite pas à voir l'Union européenne comme un état fédéral organisé subsidiairement qui, en cette qualité, pourrait être à nouveau « un acteur souverain et sûr de lui sur la scène politique internationale ». Il diagnostique la crise profonde dans laquelle est plongée l’Europe comme une crise identitaire, qui ne pourra être guérie que lorsque l’Europe sera revenue à ses principes fondamentaux qu’il identifie sans équivoque dans ce livre comme des fondements chrétiens. C’est à l’empreinte chrétienne que le continent doit l’état de droit, la liberté personnelle et tout son système de valeurs.
Dans son dernier livre, l’auteur se réfère à tout une série d’événements de l’histoire européenne, affirme que la question des frontières doit être traitée comme un ensemble géographique, politique et culturel et relève un certain nombre de dérives auxquelles a succombé l’Europe au cours du temps. Partant de l'histoire des empires supranationaux, il esquisse une idée de l'empire, il explique par la fin de cette époque la prise du pouvoir par le nationalisme et les idéologies totalitaires qui suivirent. Il considère que l'Etat est en crise, bien que, ou peut-être justement parce que, dans les Etats-nations, la pensée est très fortement empreinte d’étatisme. L'Europe est assurément bien plus qu'une simple addition d'Etats-nations.
Il traite de manière très nuancée les vagues migratoires de 2015 et leurs conséquences, sans se laisser guider par des sentiments socio-romantiques ni par des mécanismes de rejet anti-islamiques. Il explore au contraire les profondeurs du conflit inter islamique où les extrémistes récusent les anciennes autorités et veulent user de la force pour faire respecter leur interprétation totalitaire de l'Islam. Il compare pour cela la violence cruelle du prétendu Etat islamique EI à la fureur dévastatrice d’autres groupements Bolcheviks russes et de leurs épigones dans d’autres parties du monde. Dans ce conflit interne à l’islam, l’Europe devrait prêter une oreille plus attentive aux voix de la raison qui s’y font entendre.
La question de la religion permet à Baier de comparer les développements dans les différentes régions du monde. Tandis que l’Europe se détourne de plus en plus de la religion, définit la sécularisation comme une vie sans religion et tend à considérer la religion comme quelque chose de rétrograde et à voir dans son abandon une marque de progrès, la religion gagne en importance dans d’autres parties du monde. Cette évolution a pour conséquence un affaiblissement de l’Europe qui , compte tenu de son système de pensée, n’est plus en mesure d’interpréter correctement les changements dans les autres continents tout en s’imaginant être toujours elle-même une référence. Retour aux sources:
Stephan Baier: „Die Seele Europas – Von Sinn und Sendung des Abendlandes“, fe-medienverlags GmbH; Kißlegg 2017, 193 pages,
ISBN: 978-3-86357-194-8; 8,95 €.
Les "Lettres Européennes" sont éditées par la Société Coudenhove-Kalergi.
Richard Coudenhove-Kalergi, avec des racines dans plusieurs pays européens, a développé dès la fin de la première guerre mondiale le projet d'une Europe unie comme contrepoids aux tentatives totalitaires du fascisme, du national-socialisme et du communisme. Il a créé l'Union paneuropéenne en 1923 et ses initiatives ont contribué de manière déterminante à la constitution du Conseil de l'Europe en 1949. Aujourd'hui, l'Union européenne est la concrétisation politique et économique du projet de paix européen. La Société Européenne Coudenhove-Kalergi, créée comme Fondation en 1978, veut contribuer à la consolidation de ce dessein au moyen de publications, de projets d'études et par la remise de prix.